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SOUVENIRS D’UN PAGE.

demandes très-intéressantes, soit qu’on se ressentît déjà du malheur des temps, on les traita assez lestement et sans beaucoup de cérémonies. Le but de leur long voyage était d’obtenir la protection de la France pour tâcher de contrebalancer, dans l’Inde, la formidable puissance des Anglais. Il est à croire que, sans la Révolution, le gouvernement eût été assez sage pour seconder les vues du sultan, qui prévoyait dès lors la chute de son empire, et se voyait enseveli sous les ruines de Séringapatam. Plus tard, le Directoire, et avant lui le Comité de salut public, se contentèrent d’envoyer dans ces contrées quelques révolutionnaires enragés qui traitaient Typoo-Saëb de citoyen sultan, et voulaient faire comprendre les droits de l’homme à un despote asiatique.

Cette ambassade, débarquée à Toulon, arriva à Paris le 16 juillet 1788, et fut logée rue Bergère, à l’hôtel des Menus-Plaisirs, qui avait été arrangé en conséquence. Tout le long de la route elle avait été défrayée au compte de l’État. Elle se composait de trois ambassadeurs, de deux jeunes gens, parents du sultan, et de trente et quelques domestiques. Les ambassadeurs se nommaient Mouhammed-Derviche-Khan, beau-frère du sultan et chef de la religion, Mouhammed-Osman-Khan et Akbar-Ali-Khan, général de la cavalerie, remarquable par sa haute stature, son air de fierté et sa barbe blanche.

Le 12 août, l’ambassade arriva le soir au grand Trianon, qui avait été préparé pour la recevoir, et