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TRIANON.

traits des enfants de Marie-Thérèse reportaient la reine au sein de sa famille où, avec moins d’éclat, elle eût trouvé plus de bonheur. Mais en faisant naître de douces émotions dans son cœur, ces tableaux devaient lui inspirer aussi les réflexions les plus sérieuses, car tous ces princes et toutes ces princesses étaient représentés en religieux creusant leurs tombeaux. Le seul luxe du cabinet voisin consistait en deux glaces qui, par un ressort, sortaient du parquet et venaient interrompre le jour en masquant les croisées. Mais nous ne vivons plus au temps où un petit miroir de Venise était un présent digne d’un roi ; toutes nos actrices, et les plus simples bourgeoises n’ont-elles pas aujourd’hui des glaces de la plus belle dimension ?

Dans la salle à manger on avait adapté cette fameuse table placée autrefois au château de Choisy, qui, au moyen de contrepoids et d’autres secrets de la mécanique, descendait à l’étage inférieur se faire charger d’un nouveau service.

Les trois faces du pavillon de Trianon présentaient trois aspects différents qui se liaient l’un à l’autre avec un art merveilleux. Par une de ces façades, qui symbolisait la France, il dominait sur un jardin dans le goût de Le Nôtre et de ses contemporains. Des orangers, entremêlés de statues placées dans des niches de verdure, embellissaient un parterre terminé par une salle de comédie qui, malgré son exiguïté, avait une scène assez vaste pour qu’on pût y représenter les opéras les plus compliqués. J’ai entendu dire que la reine y