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28 FÉVRIER.

M. de La Fayette, arrivé chez le roi, y trouva environ deux cents personnes qui s’y rassemblaient tous les dimanches, et même plus souvent. C’étaient là ces conspirateurs dont les projets homicides devaient renverser l’édifice de la liberté et réduire Paris après avoir exterminé sa garnison. Quelle armée, en effet, que ces deux cents gentilshommes de tout âge et n’ayant pour arme que leur épée ! Voilà donc l’objet des craintes de M. de La Fayette. Il s’adresse au monarque, et employant son moyen accoutumé pour l’effrayer, il lui dit qu’il ne répond pas de la sûreté du château ni des excès auxquels pourra se porter le peuple s’il n’ordonne pas à ce petit rassemblement de se retirer et de déposer ses armes.

Louis XVI vint dans sa chambre à coucher, remercia tous ses amis du zèle qu’ils montraient pour sa défense, et convaincu, disait-il, qu’il ne courait aucun danger, les pria de déposer leurs armes, avec une marque distinctive, dans sa commode, ajoutant que le lendemain, le peuple étant calmé, M. le duc de Villequier les rendrait aux propriétaires qui les réclameraient. Chacun s’empressa de satisfaire le monarque ; on attacha son nom à ses pistolets et on les déposa dans un tiroir de la commode.

Cela arrangé et terminé, le lâche et fourbe La Fayette représenta encore que les bataillons n’ayant point assisté au désarmement, n’en seraient certains qu’en voyant porter les armes chez Gouvion, major général de la garde de Paris ; le roi y consentit. On mit les pistolets