Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
PRINCES DU SANG.

renfermée au Palais-Royal, privée de ses enfants que son mari lui ôtait, pour les faire élever, contre l’usage et la décence, par une femme réputée sa maîtresse, Madame d’Orléans venait peu à la cour, et allait souvent retremper son courage dans les conseils de son père, le vertueux duc de Penthièvre.

Les trahisons et les intrigues du duc d’Orléans, pendant la Révolution, sont connues de tout le monde. Après le 5 octobre 1789, il était déjà tellement en horreur qu’il fut obligé de se retirer en Angleterre, d’où il ne revint que pour la fédération de 1790. À peine même osa-t-il s’y montrer ; il se tint toute la journée éloigné du trône et caché parmi les députés.

Il fuyait de même le château où chacun s’empressait de l’insulter de la manière la plus piquante, comme le dernier des individus. Le jour de l’an 1791, où son devoir et la procession des cordons bleus l’appelaient à la cour, il s’abstint d’y paraître et y envoya ses deux fils aînés, les ducs de Chartres et de Montpensier. Le troisième, le comte de Beaujolais, n’avait point encore reçu l’ordre. Ces deux princes, en attendant le lever, reçurent dans le salon tous les affronts possibles. On fit cercle autour de la cheminée pour les empêcher d’en approcher ; on les accablait de sarcasmes sur la cocarde tricolore qu’eux seuls, avec le comte d’Estaing, avaient substituée à la cocarde verte de l’ordre du Saint-Esprit. Entré chez le roi, l’aîné adressa au monarque les excuses de son père, sans justifier son absence par un autre motif qu’une partie de chasse.