Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/125

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— Les mufles ! s’écria Jacques avec un regard qui conjurait le ciel de foudroyer dans le plus bref délai la direction tout entière de ce criminel établissement.

— Falibois est très intelligent, affirma Esmont, mais il ne sait pas ce qui est beau.

— Je trouve au contraire ce M. Falibois un homme rudement fin, cria Laurent. D’ailleurs, quel est le directeur dément qui aurait accepté les platitudes ronronnantes de cet être vaseux et purulent, qui fait ici l’effet d’un crapaud pestiféré dans un parterre de bégonias ?

Il y eut un universel soulèvement d’épaules.

— Voulez-vous nous en lire quelques-uns ? supplia Ludovic.

— J’en ai très peu, très peu… et puis je ne sais pas si…

— Pas de fausse modestie, voyons, dit Eucrate. Vous savez bien que tout ce que vous écrivez est très bien. Pour moi, je me cale dans mon fauteuil et ferme les yeux pour mieux entendre.

— Ce serait si gentil à vous ! pleura Esmont.

— Du moment que vous y tenez tellement…

— Si Paolo Mercanti a l’audace d’ouvrir la bouche, déclara Olivier Laurent, je lui enfonce un tison de fer rouge dans le ventre et je lui retire le foie, la rate et la vésicule biliaire pour les offrir à un cloporte. Qu’il se le dise !… D’abord s’il avait eu la moindre délicatesse, il ne m’aurait pas laissé, interminablement, dans cette posture incommode. Il m’aurait dit : « Mon cher Laurent, mon petit Laurent, au lieu de rester debout sur votre chaise, faites-nous donc le plaisir de vous asseoir et de nous énoncer quelqu’une des opinions gentilles et spirituelles que vous professez sur la littérature. Je ne vous lirai ma tartine qu’après vous avoir écouté. » À quoi j’aurai répondu, avec