Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laquelle vous étiez reçu chez nous pût vous autoriser à une telle démarche. Non pas que votre demande me choque en rien. Mais, vraiment nous n’avons encore jamais songé, ma femme ni moi, au mariage de Juliette. Cette chère enfant, interrogée, a répondu avec un air troublé, qui nous a fort inquiétés. Les choses auraient-elles été si loin entre vous deux. Monsieur ?… Cela deviendrait alarmant, dans ce cas. Et je fais appel à votre éducation de galant homme, persuadé que vous ne voudrez pas davantage insister ni auprès de nous, ni auprès d’elle, et que vous nous rendrez le service de ne plus nous fréquenter pendant quelque temps, oh ! mon Dieu ! très peu de temps ! jusqu’à ce que les choses aient repris leur cours normal.

Je m’empresse d’ajouter, Monsieur, que nous ne vous en voulons pas, Madame Brémond ni moi, de votre tentative inconsidérée et que nous sommes prêts, sitôt expiré le délai que nous sollicitons de votre courtoisie, à vous serrer la main comme par le passé et à vous accueillir parmi nous, avec le plus grand plaisir.

Veuillez, Monsieur, je vous prie, transmettre à votre père mes meilleurs souvenirs, et me croire personnellement, avec mes plus vifs regrets, votre tout dévoué :

Eugène Brémond

La seconde lettre disait :

Mon cher Jacques,

Pardonnez-moi. On m’a brisée, je n’en peux plus… C’est fini de notre idylle, c’est fini de tout.

On ne veut pas, voilà !… Et moi, je suis retombée, retombée au milieu d’eux, ils m’ont reprise. Je ne comprends plus notre nuit au bord de la mer.

Oh ! Jacques, si vous saviez ! j’ai eu tellement peur