Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/23

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Les poètes et les romanciers ont toujours considéré avec une pitié attendrie le premier bal d’une jeune fille. Inépuisable sujet de copie, prétexte à développements sans nombre, qu’il est donc facile d’en disserter avec éloquence ! La jeune fille : toute grâce, toute candeur. Jusqu’à ce soir fatal, elle n’était rien. Et voici soudain qu’elle existe. On lui apporte une robe, un carnet de danses, on la coiffe comme on ne l’avait jamais coiffée, on la respecte. Ce serait à croire qu’on la marie.

L’admiration unanime tourne autour d’elle avec des plongeons serviles… Bref, la société, faisant trêve à ses luttes et à ses rancunes, s’extasie devant la seule pudeur qui lui reste. C’est charmant. Et les romanciers ont de plus en plus de larmes dans les yeux.

Mais le jeune homme ! Le pauvre jeune homme sacrifié, qui songe à s’occuper de lui ? Personne, évidemment ; pas même sa mère qui n’approuve jamais la coupe de son premier smoking.

Un jeune homme ! On sait trop ce que c’est, et comment ça s’est formé, et tous les endroits où ça s’est roulé. Ça