Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/95

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— Tais-toi, mon poignard vient directement du Pérou, l’évidence saute aux yeux. Ne l’écoutez pas, messieurs, son scepticisme est un abîme. Il verrait brûler nos gisements de mines d’alcool qu’il en discuterait la composition chimique.

— Pourtant, dit Pampelunos, on ne peut pas les mettre en doute.

— C’est clair, résuma M. de Meillan, avec un léger haussement d’épaules à l’adresse de toute personne fictive qui eût osé ne point admettre son alcool, c’est clair. Il coulera ici des millions. Et tant mieux pour les ouvriers de la première heure, qui auront cru en même temps que moi. D’ailleurs, je les avertis, les parts de fondateurs sont pour eux, et non pour les opportunistes.

— Vous avez parfaitement raison, s’écria Jambe d’Or, et pour moi, je crois à vos mines comme si je les avais vues.

— Jambe d’Or, voilà qui est parler… Ce que vous venez de dire là vous sera compté plus que vous ne pensez à l’époque très prochaine où… Mais je m’arrête, j’en ai déjà trop dit.

— Du tout, du tout, monsieur de Meillan, susurra Micaëlli, nous sommes impatients d’entendre la fin de votre phrase…

— Aussi bien, pourquoi me cacherai-je ?… je compte suspendre les premiers mois le partage des dividendes et affecter les fonds de la recette à la construction d’un magasin monstre, d’une sorte de bazar colossal, en plein centre marseillais, où l’on vendrait l’alcool Mazarakis-Meillan et Compagnie dans des conditions d’élégance toutes particulières. Vous voyez d’ici l’entreprise. Cinq étages de services, de bureaux, de salles d’exposition et de vente, des comptoirs supplémentaires de parfumerie et