Page:Francisco de Miranda - Le général Miranda à la Représentation nationale, 1795.djvu/6

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Ma poſition ayant pu m’expoſer à des ſonpçons, les comités de la guerre & de ſurveillance d'alors, voulurent que tous les détails de ma conduite leur fuſſent fournis. Le réſultat de l’examen le plus approfondi, fut une déciſion qui éloignoit de moi juſqu’au moindre nuage. Le rapport fut étouffé par les intrigués de Lacroix, Danton, & autres, qui crurent que leur connivence avec Dumouriez fe laiſſeroit entrevoir à la Convention, & l'on obtint, au mépris de toute décence, ma traduction au tribunal révolutionnaire.

Neuf ſéances furent employées devant ce tribunal à la diſcuſſion de tous ces ramas de dénonciations, que l’intrigue & la perfidie avoient accumulés ſur moi. Elle fondirent & diſparurent toutes au ſoleil de la juſtice. Je ſortis de cette redoutable épreuve avec tout l’éclat d’un homme qui n’auroit jamais dû ſe juſtifier ; ou pour mieux dire, je reçus une couronne civique : il n’eſt pas un ſeul juré qui n’ait motivé ſa déclaration ſur des éloges, que je ne prétends pas mériter, mais qui, prouvent au moins l’opinion que les débats avoient donnée de moi à la juſtice ; & je n’oublierai de ma vie le touchant intérêt, qu'une foule immenſe me témoigna après le jugement, en nous portant, mon défenfeur & moi, au milieu de ces tranſports de joie, que peut ſeul éprouver un peuple généreux au triomphe de l'innocence trop long-temps opprimée.

Les ſuccès de l’homme de bien ſont autant de défaites pour les méchans. Ceux qui étoient acharnés à ma perte, eurent recours à leur arſenal de calomnie, &, de ce rem-