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DAVID. 9


Alexandre sur le monde, une traduction du petit traité apocryphe sur les Vices et les Vertus, etc.

David a fait encore quelques autres ouvrages qui sortent du domaine de la philosophie, mais qu’il est bon de mentionner : ce sont des traités théologiques, et entre autres un sermon prononcé dans la chaire d’Athènes, le βήμα, où les élèves devaient porter la parole en public à la fin de leur stage de sept années. Ce sermon, écrit d’abord en grec, passe pour un des chefs-d’œuvre de la littérature arménienne. David a fait de plus une grammaire arménienne dont il reste des fragments, et il commenta pour l’usage de ses compatriotes la grammaire de Denys de Thrace.

Des trois caractères que ces divers ouvrages assignent à David, philosophe, théologien, grammairien, le premier seul nous intéresse. Ce que l’on sait de la vie de David se reduit à quelques renseignements fort courts. Il naquit dans un village du Dourouperan, nommé Herthen, Héréan, ou plus communément Nerken. Il était, au rapport de Nersès, cousin germain de Moïse de Khorène, illustre historien de l’Arménie, et il florissait vers 490, selon le témoignage de Samuel, autre chroniqueur arménien. Il mourut vers le commencement du vie siècle. Le plus récent des auteurs qu’il mentionne lui-même dans ses ouvrages est Ammonius, fils d’Hermias, qui est de cette époque aussi. David est donc contemporain de Proclus, et probablement il fut son condisciple aux leçons de Syrianus et d’Ammonius. David fut un des jeunes gens que saint Sahag et Mesrob, régénérateurs de l’Armenie, envoyèrent aux écoles grecques pour y puiser les lumières qui, rapportées dans le pays, en tirent alors une nation indépendante et fort supérieure à toutes celles dont elle était entourée.

David se monlra digne de cette confiance, et il suffit de lire ses ouvrages grecs pour se convaincre de son mérite. Il est Grec par le savoir et par la diction, et c’est le plus bel élogc qu’on en puisse faire. Rentré dans sa patrie après de longues et fructueuses études, il paraît s’être consacré uniquement à la science ; son nom, du moins, ne parait point une seule fois dans les agitations politiques dont l’Armenie fut alors le théâtre.

Son livre intitulé Définition des principes de toutes choses, imprimé en arménien à Constantinople en 1731, ne paraît être qu’un recueil de nomenclatures ; et, d’après le fragment cité par M. Neumann, on peut croire que cet ouvrage n’est que le programme d’un cours. En voici le début : « En combien de parties, ou comment une chose est-elle divisée ? En deux : substance et accident. — En combien la substance est-elle divisée ? En deux : première et seconde. — En combien la substance seconde est-elle divisée ? En deux : substance spéculative, substance active. » Comme on le voit, c’est toujours, sauf le dernier trait, la doctrine péripatéticienne ; c’est un simple emprunt aux Catégories.

L’ouvrage arménien le plus important et le plus original de David paraît être celui qui a pour titre : Fondements de la philosophie. C’est une réfutation en règle du pyrrhonisme. David réduit a quatre propositions le système des sceptiques, et il les combat une après l’autre. Il commence par prouver que la connaissance est possible et que la philosophie existe. David y cite fréquemment les philosophes de la Grèce, et surtout Platon, dont il adopte en général le système.