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AMMO — 45 — AMOU

Schmidt, l’Univers et l’âme du monde d’après les idées des anciens, in-8, Leipzig, 1835 (en all.). — Henri Martin, Études sur le Timée de Platon, 2 vol. in-8, Paris, 1840.


AMÉLIUS ou AMÉRIUS, disciple de Plotin, florissait vers la fin du iiie siècle de l’ère chrétienne. Il était né en Étrurie, et s’appelait de son vrai nom, Gentilianus. C’est probablement afin de marquer son mépris pour les choses de ce monde, qu’il y substitua celui sous lequel il est connu dans l’histoire de la philosophie (Amélius en grec signifie insouciant). Il s’était attaché d’abord au stoïcien Lysimaque ; mais les écrits de Numénius, aujourd’hui perdus pour nous, étant tombés entre ses mains, il en fut tellement séduit, qu’il les apprit par cœur et les copia de sa propre main. Dès ce moment il appartenait naturellement à l’école d’Alexandrie, dont Plotin était alors le plus illustre représentant. Amélius alla le trouver à Rome, et pendant vingt-quatre ans, depuis l’an 246 jusqu’en 270, il suivit ses leçons avec une rare assiduité. Il rédigeait tout ce qu’il entendait de la bouche de son nouveau maître, y ajoutait ses propres commentaires, et composa ainsi, si nous en croyons Porphyre (Vita Plot., c. iii), près de cent ouvrages. Il est malheureux qu’aucun de ces écrits ne soit arrivé jusqu’à nous, car ils dissiperaient probablement bien des nuages qui existent encore pour nous dans la philosophie néo-platonicienne. Cette perte doit nous sembler d’autant plus regret­table, que Plotin lui-même désignait Amé­lius comme celui de ses disciples qui pénétrait le mieux dans le sens de ses doctrines. Parmi les ouvrages sortis de la plume d’Amélius, il y en avait un qui montrait la différence des idées de Plotin et de celles de Numénius, et qui justifiait le premier de ces deux philosophes de l’accusa­tion intentée contre lui de n’avoir été que le plagiaire du dernier. Il ne paraît pas avoir dédai­gne le travail de la critique ; car il démasqua quelques-uns des imposteurs, alors si communs, qui publiaient, sous les noms les plus anciens et les plus vénérés, des rapsodies de leur invention. C’est ainsi qu’il écrivit contre Zostrianus un ou­vrage en quarante livres. Après la mort de Plotin, Amélius quitta Rome pour aller s’établir à Apamée, en Syrie, où il passa le reste de ses jours. Il avait cherché, comme les autres philosophes de la même école, à relever par la philosophie le paganisme mourant. Voy. Eunape, Vit. sophist. et fragment, histor., etc. — Suidas, Amélius. — Porphyre, Vita Plotini. — Vacherot, Histoire cri­tique de l’École d’Alexandrie, Paris, 1846-51, 3 vol. in-8. — J. Simon, Histoire de l’École d’Alexandrie, Paris, 1845, 2 vol. in-8.


AMMONIUS d’Alexandrie, philosophe péripatéticien du ie siècle après J. C. Il enseignait la philosophie à Athènes, et Plutarque, qui suivait ses leçons, ne se contente pas de le mentionner fréquemment dans ses écrits, mais lui a consacré un ouvrage spécial qui n’est pas arrivé jusqu’à nous ; il lui attribue d’avoir regardé, comme conditions de la philosophie, l’examen, l’admiration et le doute. On suppose qu’Ammonius est le pre­mier péripatéticien qui ait tenté d’établir une conciliation entre la philosophie d’Aristote et celle de Platon ; c’est du moins ce que veut démontrer Patricius (Discuss. péripat., t. I, lib. iii, p. 139). Aussi n’appartient-il pas à l’école des péripatéticiens purs, mais à l’école syncrétique. Du reste, ses œuvres, s’il a écrit, n’ont pas été conservées, et on ne sait rien de plus précis sur ses opinions.


AMMONIUS, surnommé Saccas, à cause de sa première profession (il était portefaix), était né à Alexandrie, où il vécut et enseigna la philosophie vers la fin du iie siècle ou le commencement du iiie. Né de parents chrétiens, il fut lui-même élevé dans le christianisme, qu’il abandonna plus tard pour la philosophie païenne. C’est du moins ce que nous apprend Porphyre dans un fragment conservé par Eusèbe (Hist. de l’Église, liv. IV). Il est vrai que ce Père de l’Église sou­tient le contraire, et, pour preuve qu’Ammonius n’a jamais déserté le christianisme, il en appelle à un écrit de ce philosophe où serait tentée une conciliation entre Moïse et Jésus ; mais il est évident qu’Eusèbe se trompe et confond deux Ammonius, car celui dont nous parlons n’a jamais écrit, et l’on sait par le témoignage de ses dis­ciples que son enseignement était purement oral.


AMMONIUS, fils d’Hermias et d’Aédésie, Am­monius Hermice, disciple de Proclus, quitta Athènes après la mort de son maître et revint habiter Alexandrie, sa ville natale, où lui-même enseigna la philosophie et les mathématiques. Ainsi que tant d’autres néo-platoniciens, il tenta une conciliation entre Aristote et Platon. Il vécut vers la fin du ve siècle ; de ses nombreux commentaires, deux ou trois seulement nous sont connus, du moins ce sont les seuls qui aient été imprimés : Comm. in Arist. Categorias et Porphyrii Isagogen, texte grec, in-8, Venise, 1545, et Comm. in Arist. librum de Interpret., texte grec, in-8, ib. ; 1545. Ces commentaires ont été souvent imprimés séparément ; on les a réunis dans une édition faite également à Ve­nise, en 1503.

On attribue aussi à Ammonius une biographie d’Aristote, dont quelques autres font honneur à Philopon.

Ammonius, ayant adopté la philosophie de Platon telle qu’elle était alors enseignée à Alexandrie, l’exposa avec tant de succès, que plusieurs historiens l’ont regardé comme le fon­dateur du néo-platonisme ; mais cette opinion est fausse ; il ne fit que donner un essor plus élevé à l’école d’Alexandrie, ne se bornant pas à concilier les doctrines de Platon et celle d’Aristote, mais y introduisant aussi le système de Pythagore et tout ce qu’il savait de la philosophie de l’Orient. Il ne communiquait que sous le sceau du secret ; à un petit nombre de disciples choisis, ses opinions qu’il faisait remonter à la plus mystérieuse antiquité et qu’il donnait comme un legs de la sagesse primitive.

L’enthousiasme mystique dont ses leçons por­taient l’empreinte lui fit donner le surnom de Θεοδίδαϰτος (inspiré de Dieu). Au nombre de ses disciples on compte Longin, Erennius, Origène, et Plotin, le plus distingué d’eux tous. Ces trois derniers prirent l’engagement formel de tenir secret l’enseignement d’Ammonius ; mais Eren­nius et Origène ayant manqué à leur parole, Plo­tin se crut dégagé de la sienne, et c’est de lui que nous tenons tout ce qui a rapport aux opi­nions d’Ammonius.

Quant à faire connaître son système d’une manière plus précise, ce serait une tentative pleine de périls, car on n’aurait aucun moyen de le distinguer de celui de Plotin. Voy. Alexandrie.


AMOUR. Le fait qui joue un si grand rôle dans le monde physique sous le nom de gravitation, d’attraction et d’affinités électives, semble avoir son équivalent dans le monde moral. L’homme, quoi qu’il fasse, ne peut pas vivre seulement pour lui-même et dans les bornes étroites de son individualité ; il ne peut détacher son existence de celle des autres êtres, animés ou inanimés, matériels ou immatériels ; il les recherche, il les attire à lui ou se sent entraîné vers eux par un mouvement intérieur plus ou moins puissant ;