Page:Franck - Le communisme jugé par l'histoire, 1871.djvu/17

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ment aujourd’hui ou qui ont l'ambition de fonder un nouvel ordre social ; c’est celle-ci : « Le travailleur a droit à la valeur intégrale de son produit. » On a d’abord quelque peine à comprendre ce que c’est que la valeur intégrale d'un produit, puisque la valeur des œuvres de l'industrie humaine est chose essentiellement variable, qui est déterminée par le rapport de l'offre et de la demande. Ou se demandera aussi comment, les diverses espèces de produits du travail industriel étant presque toujours mêlées et jusqu’à un certain point confondues, il sera possible de discerner leurs valeurs respectives. Par exemple, dans la valeur d’une maison, il y a celle du terrain, celle des matériaux, celle des travaux accomplis par l’architecte, les maçons, les charpentiers, serruriers, vitriers, tailleurs de pierre, charretiers, plâtriers, ferblantiers, couvreurs, etc., etc. A la place de la liberté des transactions et des fluctuations naturelles du prix des choses, supposez une règle de rémunération absolue, inflexible, par qui et d’après quelle mesure sera fixée la part de chacun des facteurs du produit commun ?

Mais il ne faut pas que ces difficultés, tout insolubles qu’elles sont, nous dérobent la pensée contenue dans la proposition que je viens de citer. Cette pensée, d’ailleurs claire par elle-même, a toujours été exprimée, tant par les maîtres que par les adeptes du socialisme, avec une entière franchise. En exigeant pour l’ouvrier