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EXTRAIT DE LA PRÉFACE

ITALIE.

Voici un extrait de la lettre écrite par M. Du Theil à M. Dacier, en 1777.

« Je vous envoie la première et la dernière feuille du manuscrit de Froissart qui se trouve dans la bibliothèque de la reine Christine, au no 869. Elles sont exactement calquées sur du papier huilé dans la forme du manuscrit même[1]. Il n’y a aucun autre titre ni aucune épigraphe à la fin du volume. Il ne contient rien autre chose, nul avertissement, nulle note sur aucune marge. En un mot il commence, continue et finit aussi crûment que les deux feuilles huilées vous le représenteront. Si d’après cela vous me prescrivez d’en faire la confrontation avec les imprimés, soit en partie, soit même en total, je suis homme à le faire exactement, pourvu toutefois qu’il existe un seul exemplaire imprimé de Froissart dans la capitale du monde.

« Il y a encore dans la même bibliothèque de la reine Christine au no 726 quelques extraits de Froissart. Je vous en rendrai compte un de ces jours. »

Je trouve ce compte rendu dans une autre lettre :

« Le volume no 726 de la bibliothèque de la reine de Suède, dit M. Du Theil, est un in-folio composé de 302 feuilles, partie en vélin, partie en papier. Les feuilles sont réglées. Au folio 1er commence, sans titre ni explication, une chronique des ducs de Normandie, dont voici le début. « Combien que les vrayes chroniques racontent que Raul fut le premier duc de Normandie, aucunes autres nous racontent que au temps du bon roi Pepin, le père de Charlemagne, il eut en Neustrie, qui à présent est appelée Normandie, ung duc qui avoit nom Ansbert. Cestui Ansbert avoit ung chastel près ou de côté Rouen que on appeloit Turinde ; et avoit le gouvernement de toute Neustrie soubs le roi Pepin, et avoit le tiers des revenues, et par le comte Robert le Diable fu engendré. »

« Les trois premières feuilles, continue M. Du Theil, ont été fort endommagées. Le caractère, qui dans le commencement est semblable à la page calquée de l’extrait de Froissart que je vous envoie, change, au folio 2, de grosseur, mais non de forme.

« Cette Chronique de Normandie occupe dans ce volume jusqu’au folio 95, recto, où elle finit par ces mots : « Et lors leur pardonna le roy Henry leur maltalent et receut d’eulx les hommages. Cet an ensuivant les Chrétiens par toute terre de chrétienté s’esmeurent à eulx croisier pour aller en Jérusalem conquérir la sainte terre. Explicit. »

« Au folio 96 commence l’extrait des Chroniques de Froissart dont je vous envoie le premier chapitre tout entier calqué en papier huilé sur le manuscrit même[2]. »

PAYS-BAS.

M. Godefroy, garde des Archives de la Chambre des comptes de Lille, rendit compte, ainsi qu’il suit, en 1781, à M. Dacier d’un manuscrit curieux de Froissart de la bibliothèque de Bruxelles :

« Feu mon père ayant été envoyé par le roi à Bruxelles, quand il en fit la conquête en 1746, pour examiner les titres et papiers qui s’y trouvaient, concernant la partie des Pays-Bas qui était sous sa domination, il y examina en même temps avec beaucoup de soin tous les manuscrits de la fameuse bibliothèque des ducs de Bourgogne ; et il en prit des notices détaillées et exactes. Une chronique de Froissart attira surtout son attention. Voici le détail qu’il en fait :

« Cette chronique est en quatre volumes in-folio reliés en ancienne basane blanche.

« Le premier volume du manuscrit contient 362 feuillets et 368 chapitres. Il n’y en a que 330 dans l’édition imprimée.

« Il y a plusieurs vignettes fort belles dans ces quatre volumes.

« Le second volume du manuscrit contient 336 feuillets et 226 chapitres. À la fin de la table de ce volume manuscrit est une vignette qui représente l’exécution faite à Bordeaux de Guillaume Ier de Pommier, et de Jean Coulon, conseiller et secrétaire de la nation de Bordeaux, pour crime de trahison. Quelques chapitres sont précédés de vignettes coloriées.

« Le troisième volume manuscrit contient 330 feuillets et 115 chapitres. Ce volume est relié en veau jaune. Il finit à 1389 par le récit des préparatifs d’une fête que le roi Charles VI voulait donner à la bienvenue d’Isabelle, reine de France. Le dernier chapitre ou chapitre 115 de ce volume est le même que le 142 de l’imprimé.

« Le quatrième volume de ces chroniques manuscrites contient 82 chapitres et 237 feuillets. À la tête de ce volume est une vignette au bas de laquelle est placé une espèce de préambule adressé à Guy de Chatillon, comte de Blois[3].

« En dedans de la couverture du volume sont

  1. Ce fac simile est entre mes mains.
  2. Je possède également ce calque.
  3. C’est le même qui a été rapporté par M. de Barante, dans son intéressant article sur Froissart, et qui se trouve aussi en son lieu dans cette édition.