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DU QUATORZIÈME SIÈCLE.
veut pas ôter, mais accroître et amplier tous les jours.
Anal (anneau). — Et leur donnoit anals d’or.
Anavier (conduire par eau). — Le roi entra en un batel et se fit anavier jusques à l’hôtel Saint-Pol.
Ancesseur (ancêtre). — On a de mes ancesseurs peu trouvé qui soient morts en chambre ni en lit. — Et de nos ancesseurs ils furent là tous morts et déconfits.
Ancesterie (lige d’ancêtres). — Les plus honorables de corps, de chevance et d’ancesterie de la ville de Calais.
Ancrer (être à l’ancre).
Angel (ange). — Ils n’étoient ni angels ni esprits, mais hommes.
Anglesche (anglais ; il se conforme à la prononciation).
Anglet (petit angle, coin). — Adonc me tira-t-il à une part, en un anglet de la chapelle du châtel.
Angoisseusement (douloureusement, avec angoisses).
Angoisseux (rempli d’angoisses).
Anientir (anéantir, réduire à néant).
Annihiler (détruire). — Et annihileront leurs pourvéances.
Annoi (ennui). — Quelqu’annoi et déplaisance qu’il eût du roi Richard son frère. — Car de vos annois les Bruxellois ont grand compassion.
Anoier (fâcher). — Pensez-vous qu’il ne lui dût pas bien anoier. — La dame qui véoit son châtel pris, dont moult li anoioit.
Ante (tante). — Les héritières d’Espagne et de Castille ses belles antes. — Et étoit la roine d’Angleterre son ante.
Anten (auparavant). — Bien savons que le Mongat fut anten à Toulouse.
Anuit (ce soir). — Il aura réponse anuit pour retourner le matin. — Nous y serons anuit au gîte.
Anuiter (faire nuit). — Environ l’anuiter, ce jeudi au soir.
Aourer (adorer). — On aoure saint Aquaire. — Nous aourerons les Anglois des lèvres, mais les cœurs ne s’en mouveront jà.
Aourné (orné). — Et avoîent toutes les litières si richement aournées que rien n’y failloit.
Aouser (adorer). — Quand sire Eustache de Saint-Pierre eut dit cette parole, chacun l’alla aouser.
Août (moisson). — Le pays est si chaud que, à l’entour du mois de juin, l’août y est passé.
Aparler (entretenir, continuer à parler). — Quand messire Guillaume de Namur fut premièrement aparlé de cette matière. — Les seigneurs qui de ce l’aparloient.
Apléger (servir de caution, de plège, caution).
Apleuvoir (continuer à pleuvoir). — On n’épargnoit non plus or ni argent que donc que il apleuist des nues, ou que on le puisât en la mer.
Apoier (appuyer). — Apoiez vous ici de lez moi.
Apovri (apauvri).
Appacti (mis à composition). — S’ils n’étoient bien aconvenancés et appactis.
Apparant (apparence). — Il n’en étoit nul apparant.
Appareillé (prêt).
Appareillement (avec appareil).
Apparoir (paraître). — Oncques meschefs ne furent si grands comme ils apparent pour le présent. — Il ne leur apparoit aucun confort de nul côté.
Appasser (passer).
Appaticer (faire pâtir). — Quand ainsi les vouloient mener et appaticer.
Appeaulx (pluriel d’appel, dont le singulier est aussi appeau). — Le roi qui souffert avoit ces appeaulx en gage de bataille.
Appendance (dépendance). — Il recouvreroit Lille et Douay et les appendances.
Appendre (dépendre de). — Et y append un beau château.
Appenser (penser).
Appenti (sorte d’appui extérieur des maisons, comme il en existe encore dans une des rues de Genève. On les démolit en ce moment, de même qu’on les a démolis partout). — Et fit ahattre tous les appentis de Paris pour chevaucher plus aisément parmi les rues.
Appert (expert).
Appertement (d’une manière experte).
Apperteté (habileté). — Là pussiez-vous voir entre ces nouveaux chevaliers toute apperteté.
Appertise (exploit).
Appéter (désirer, manquer). — Vivres leur appétissoient.
Applouvoir (tomber abondamment, comme une pluie). — Et toujours applouvoient gens de tous lez.
Appoier (appuyer). — Adonc furent ordonnées échelles et appoiées contre le mur.
Appresser (presser).
Approvender, s’approuvender (approvisionner ; de provende, provision). — Combien qu’ils eussent été bien approvendés de foins, d’avoine et d’aigue douce. — Et les approuvenda bien et largement.
Appuigner (empoigner). — Et appuignèrent et appointèrent leurs lances.
Aquasser (devenir calme, en parlant de l’eau). — Le temps cessa et la mer s’aquassa.
Aquoiser (devenir coi, tranquille).
Araser (raser d’une manière continue).
Arateler (haleter). — Et ouïrent les chevaux arateler.
Arché (courbé en arc). — Et étoit la dite couronne archée en croix.
Archegaie (javelot).
Archonner et arçonner (faire l’arc, se courber). — Les lances point ne se brisèrent, mais archonnèrent.
Ardaier (aiguillonner). — Ainsi hériant et ardaiant l’un l’autre, advint que…
Ardoir et ardre (brûler, d’où ars brûlé, arsure, arsion et arsin, action de brûler). — Depuis la destruction et arsion de la ville de Gand.
Argu (subtilité, finesse). — Si Aymerigot eût tourné ses usages et ses argus en bonnes vertus.
Arguer (tourmenter, accuser). — Et arguoit durement le duc de Normandie.
Arièmes (nous) (nous aurions, et il aroit, pour il auroit, d’avoir. Les pluriels en ièmes au lieu de ions sont encore normands et picards). — Nous n’y arièmes jamais nulle bonne aventure. — Si aroie plus cher à être mort que il en advint ainsi. — Ils pensoient qu’il y aroit escarmouche.
Ariole (devin). — Les aucuns de ces arioles affirmoient que le roi étoit damné par sorts.
Armeret (vaillant). — Les plus preux et les plus armerets de toute Turquie. — Le gentil duc Wincelant qui fut en son temps noble, joli, frisque, sage, armeret et amoureux.
Armoié (orné d’armoiries).
Armoier (armurier). — Les meilleurs ouvriers armoiers qui fussent en Lombardie.
Aroié (mis en rang). — Aussi bien aroiés, appareillés et armés de toutes pièces que nuls gens d’armes pourroient être.
Arondeau (hirondelle). — Ni en avoir pitié non plus que d’arondeaux ou d’alouettes qu’on prend en la saison pour manger.
Arouter (mettre en troupe ; de route, troupe).
Arréé et arré (orné). — Il étoit bien appareillé et arréé de ce que à lui apparténoit. — Aussi bien arrés et appareillés de toutes pièces comme nul chevalier pôurroit être.
Arréement (en, arroi, en bon ordre). — Ils chevauchèrent moult arréement.
Arrenter (donner des rentes).