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APPENDICE.

avoir très grand plaisir. Et en briefves paroles l’empereur dit en allemand à ses gens qui présens estoient, et qui n’entendoyent pas françois, ce que le roy lui avoit dit ; et leur exposa les lectres que sur ce avoit ouy lire, et feit response au roi telle comme il s’ensuyt. C’est à sçavoir qu’il dist : que très bien avoit entendu ce que le roy avoit très saigement dit, et bien veu et bien congneu, tant par lectres comme autrement, sa bonne querelle et justice ; et que partout le manifesteroit et feroit sçavoir : et que si les Anglois s’efforçoient en Allemaigne de publier le contraire, comme autres fois avoient faict, il deffendroit et soustiendroit le droict du roy, comme il l’avoit veu et bien congneu. Et mesmement il sçavoit bien que le roy d’Angleterre avoit faict hommaige lige au roy de France à Amiens : car il y avoit esté présent quand il se feit. Et quand au conseil donner, dit : que considéré le bon droict du roy et le grand tort de ses ennemis, l’advantaige qu’il avoit en la guerre sur eulx et les alliez du roy qu’il nomma, les roys de Castille, de Portugal et d’Écosse, il ne lui eut donné conseil ne encores ne donnoit de tant avant offrir à ses ennemis. Et lui sembloit que trop en avoit faict, mesmement qu’il sçavoit la coutume des Anglois estre telle que, quand ils se voyent à leur dessous, ils requièrent et veulent volontiers avoir paix, mais s’ils voyent après leur advantaige, ils ne la tiennent point, comme maintefois ha l’on veu que ainsi l’ont faict au royaume de France. Et adonc se partit le roy de luy, et s’en retourna en sa chambre.


FIN DE L’APPENDICE.