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CHRONIQUES DE J. FROISSART.

volonté d’aller voir le Saint-Sépulcre et l’Amourat Baquin dont il étoit en ce temps très grands nouvelles en France. Et en leur compagnie y fut aussi Robinet de Boulogne, un écuyer d’honneur du roi de France, et lequel en son temps a fait plusieurs beaux voyages.

    été violée par un autre individu qui s’en accusa plus tard, lorsqu’il fut exécuté pour d’autres crimes.

    J’ai compulsé les registres du parlement pour trouver tout ce qui avait rapport à ce combat judiciaire. Les documens que je suis parvenu à me procurer montrent parfaitement l’état des mœurs de cette époque.

    Extrait des registres du parlement.
    1.

    Lundi 9e jour de juillet 1386, en présence du roi.

    Entre messire Jehan de Quarrouges, chevalier appelant et demandeur en cas de gage de bataille d’une part, et Jacques le Gris, défendeur d’autre part, et pour occasion de ce que le dit chevalier dit et maintient contre le dit escuyer que il, à l’aide d’un nommé Adam Louvel a efforcée sa femme, et ordonné est ; oyes la demande et défense des parties, que ycelles parties bailleront leurs fais et raisons en escript par devers la cour par manière de mémoire, et lesquels vues, la cour les apointera comme de raison aux fins plaids.

    Item est oultre ordonné que les dictes parties et chacune d’ycelles bailleront pléges et caution de comparoir et retourner céans toutes fois que par le roi ou la cour sera ordonné.

    Et ce fait, se constituèrent pléges pour ledit chevalier ceulx qui s’ensuivent, et de le faire venir en personne, toutes fois que le roi l’ordonnera.

    Le comte de Saint-Pol,
    Le comte de Valentinois,
    Le seigneur de Torcy,
    Le vicomte d’Uzès,
    Messire Guichard Dauphin,
    Le sénéchal d’Eu.

    Et pour le dit escuyer se constituèrent pléges de le faire venir pareillement en personne :

    Le comte d’Eu,
    Le seigneur de Foillet,
    Le sire de Torcy,
    Le sire de Coigny,
    Le sire d’Anviller,
    Et messire Philippe de Harecourt.
    (Registres criminels du Parlement.)
    2.
    Samedi, 15e jour de septembre 1386.

    Aujourd’hui en la cour a esté prononcé arrest en la dite cause c’est à savoir que la cour a adjugé le gage de bataille entre les dites parties, et avec ce ordonné que les dites parties bailleront nouveaux otages et caution, nonobstant ceulx qu’ils ont autrefois baillés comme cy-dessus est dit. Et pour ce fait se constituèrent pléges et caution pour le dit chevalier, corps pour corps, et avoir pour avoir, et chacun pour le tout, de rendre et amener et faire comparoître le dit chevalier à toutes les journées qui lui seront assignées par le roi ou sa cour là où il sera ordonné, ceulx qui s’ensuivent.

    Le vicomte d’Uzès,
    Le sire de Hengest,
    Messire Jacques de Montmor,
    Messire Gérard de Bourbon,
    Messire Philippe de Cervoles,
    Messire Gérart de Grandval,
    Et messire Philippe de Florigny.

    Et le dit chevalier, c’est à savoir messire Jehan de Quarrouges, a promis de dédommager ses dits pléges.

    Et pour le dit Jacques le Gris,

    Regnault d’Angennes,
    Jehan Beloteau,
    Guilles d’Acqueville,
    Jehan de Fontenay,
    Gibert Maillart,
    Et Pierre Beloteau.

    Et le dit Jacques le Gris a promis à dédommager les dits pléges ; et parmi la dite caution le dit Jacques le Gris est eslargy partout, sous les soummissions accoutumées en cas de gage de bataille, jusques au dit lendemain de la Saint-Martin prochaine venue, si entre deux par le roi n’est autrement ordonné. Et a eslu son domicile en l’ostel du comte d’Alençon aussi à Paris.

    3.
    Samedi 24 septembre 1386.

    Le roi notre seigneur a envoyé à la cour de céans certaines lettres scellées contenant que il convenoit les journées que le gage de bataille se devoit faire entre le seigneur de Quarrouges et Jacques le Gris, laquelle devoit estre le 27e jour de ce mois de novembre, remettre jusques au samedi prochain après Noël prochain venu ; lesquels journées il mandoit estre signifiées aux parties.

    Et pour ce, aujourd’hui la cour en la personne du dit Jacques et en la personne du dit Quarrouges a signifié la dite continuation et issue, et fait lire en leur présence les dites lettres. Laquelle signification faite, iceux de Quarrouges et Jacques le Gris ont requis à la cour qu’ils fussent eslargis pareillement qu’ils estoient auparavant.

    Si a la cour ordonné, veues les dites lettres qui contiennent que les besognes soient continuées en estat que les dit de ce Quarrouges, et Jacques le Gris sont eslargis partout sous les soubmissions accoutumées et gage de bataille, jusques au dit samedi prochain après Noël prochain venue, parmi rafraîchissant la caution qu’ils ont autrefois baillée.

    Et ce fait se constituèrent pléges pour le dit de Quarrouges, corps pour corps, et avoir pour avoir, chacun pour le tout, ceux qui s’ensuivent :

    Messire Regnaul de Braquemont,
    Messire Robin de Thibouville,
    Messire Robert de Torcy,
    Messire Merle de Virjus,
    Messire Guy de Saligni.
    chevaliers.

    Et pour le dit Jacques le Gris :

    Messire la Galois d’Arcy, chevalier,
    Mathieu de Varennes,
    Jehan de Montvert,
    Et Jehan Beloteau.

    Les trois pièces rapportées ici sont tirées des registres criminels du parlement, déposées aux archives de la