et n’entendoient chambrelans à autre chose. Et fut tout délivré à tous officiers pour le corps Jean de Bourgogne ; et à chacun à part lui grand nombre de florins ; et cils les payoient et délivroient par ordonnance aux ouvriers et marchands, qui les ouvrages appartenans à eux faisoient et ouvroient. Tous barons, chevaliers et écuyers, pour l’honneur de Jean de Bourgogne et aussi l’avancement de leurs corps, s’efforçoient d’eux mettre en point. Messire Philippe d’Artois, comte d’Eu, s’ordonna si puissamment que rien n’étoit épargné ; et vouloit aller en ce voyage comme connétable de France ; et le roi de France, qui moult l’aimoit, lui aidoit tant que à la chevance grandement ; et aussi fit-il à messire Boucicaut, maréchal de France.
Le duc de Bourgogne avisa et considéra une chose, que ce voyage à tout appareiller coûteroit trop grandement et mise de finance ; et si convenoit que l’état de lui, et de la duchesse sa femme, et d’Antoine son fils, fût maintenu et point brisé ni amendri. Et pour trouver argent il trouva subtilement une arrière taille ; car de la première taille, plat pays, hommes des cités et châteaux et des villes fermées se taillèrent : et monta cette taille, en Bourgogne, pour la chevalerie première de son ains-né fils, à six vingt mille couronnes d’or. De rechef, à tous chevaliers et dames nobles qui de lui fiefs tenoient, jeunes et vieux, il leur fit dire qu’il convenoit qu’ils allassent à leurs coûtages en Honguerie en la compagnie de son fils, ou ils
Les gens qui sont advisés pour aler devant en Honguerie pour faire les provisions de monseigneur de Nevers.
Cy après s’ensuient les choses nécessaires et appartenant au fait que monseigneur de Nevers doit faire présentement en Honguerie.
Premierement il est ordonné que tous ceulx qui yront en sa compagnie soient au vingtieme jour d’avril à Diet illec on fera prest pourjon, quatre mois, c’est assavoir : chacun chevalier quarante florins, et chacun escuier vingt florins, et chacun archer douze florins par chacun mois.
Ordenné par mon sieur presens mon sieur, le comte de Nevers, mon sieur l’Admiral, mon sieur de la Tremoille, messire Guillaume de la Tremoille, messire Odart de Chaseron, messire Elion de Meilhat et Pierre de la Tremoille, le vingt-hutiesme jour de mars avant Pasque, l’an mil trois cent quatre vingt quinze.
Mon sieur le comte de Nevers sera le vingtiesme jour d’avril à Dijon, et là seront paie toutes ses gens, et sera à la fin d’avril à Montbeliart pour tenir son chemin.
Ceux par qui monsieur le comte se conseillera.
La bannière de mon sieur, le comte de Nevers messire Philippe de Mussy la portera pour l’acompagnier :
Le panon de mon sieur, le comte Gruthuse le portera Nanton et Huguenin de Lugny pour l’accompagner.
Que gentil homme faisant rumour pert cheval et harnois.
Et varlet qui fiert du coutel pert le point.
Et s’il robe il pert l’oreille.
Item que mon sieur le conte et sa compagnie a à requérir l’avant-garde.