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Page:Froissart - Les Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, Tome III, 1835.djvu/547

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DE MESSIRE JEAN FROISSART.

L’opinion la plus accréditée à Valenciennes est que Froissart est mort l’an 1410, et qu’il a été enterré dans l’église de Chimay.

Ne pouvant aller moi-même vérifier le fait sur les lieux, je priai M. Pelaprat, beau-père du prince de Chimay actuel, de vouloir bien me faire obtenir sur ce sujet tous les renseignemens qu’il pourrait se procurer. Le prince de Chimay se prêta à ma demande avec une bonne grâce dont je le remercie, et m’envoya la note suivante que je donne telle que je l’ai reçue.


Extrait d’un manuscrit sur l’histoire de Chimay, qui se trouve dans la bibliothèque du château de Chimay. (Ce manuscrit est de 1768.)

Quatorzième siècle.

« En ce siècle d’ignorance, Chimay a fourni un homme savant en la personne de Froissart, chanoine de Chimay, et trésorier de la collégiale qui florissait en 1364[1], et s’est fait connaître par l’histoire de son temps qu’il a mise en lumière en quatre volumes, depuis 1350[2] jusqu’à 1400, et qu’il dédia[3] à Édouard et Richard, rois d’Angleterre, auprès desquels il avait été nourri en sa jeunesse.

« Son corps est ensépulturé à Chimay, en la chapelle où sont présentement les fonts baptismaux.

« Après sa mort, on fit beaucoup de vers à sa louange, desquels en voici quelques-uns :


Honorarium.

Gallorum sublimis honos et fama tuorum,
Hic, Froissarde, jaces, si modo fortè jaces :
Historiæ vivus studuisti reddere vitam,
Defuncto vitam, reddet at illa tibi.

Autre.

Proxima dum propriis florebit Francia scriptis,
Fama dum ramos balnea fundet aquis,
Urbis ut hujus honos templi sic fama vigebis,
Teque ducem historiæ Gallia tota colet ;
Belgica tota colet, Cirreaque vallis amabit
Dum rapidus proprios Scaldis obibit agros.

Autre.

Cognita romanæ vix esset gloria gentis
Plurimus hanc scriptis ni decorasset honos.
Tanti nempè refert totum scripsisse per orbem.
Quælibet et doctos sæcla tulisse viros.

Autre.

Commemorent alios alii : super æthera tollam
Froissardum hisloriæ per sua sæcla ducem,
Scripsit enim historiam mage sexaginta per annos,
Totius mundi quæ memoranda notat ;
Scripsit et Anglorum reginæ gesta Fhilippæ ;
Quæ, Guillelme, tuo tertia juncta toro.


« On a fait des recherches dans l’église de Chimay pour retrouver la sépulture de Froissart ; mais la chapelle des fonts baptismaux est maintenant la porte qui donne sur la place. Pour ouvrir cette porte, on a dû rehausser le pavement. Soit que la pierre sépulcrale ait été brisée ou qu’elle soit totalement effacée par le frottement des pieds, on n’a rien trouvé qui justifie l’assertion du manuscrit. »


J. A. C. Buchon.
  1. C’est-à-dire 1335.
  2. Depuis 1326.
  3. Lisez : adressa.