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Méliador

7655 Adonques sans plus la riens dire,
Ordonné fu pour envoiier
Hiraus pour par tout chevaucier
Et anonchier la ditte feste.
Ensi li dus a la requeste
7660 De sa fille, sans nul desroi,
Fist errant nonchier ce tournoy
En Escoce et en Danemarce.
Il n’i a ne paÿs ne marce
Ou il ne soit segnefiiés.
7665 .I. jour chevaucoit li prisiés,
Li chevalier au soleil d’or
Et estoit droitement au cor
D’une lande et d’un vert chemin, f. 56 d
Et n’estoit mies trop matin,
7670 Mais haute tierce ou environ ;
Si voit venir a l’esporon
.I. hiraut moult quoiteusement.
Adont s’arresta proprement,
Pour savoir quel cose il voloit,
7675 Et lors que li hiraut le voit
Qui le recogneut par sa targe,
Si dist : « Chevaliers, je vous carge
« Que vous soiiés a ce tournoy
« Qui se tenra, a bonne foy,
7680 « Devant Tarbonne en Cornuaille.
« Ce n’est pas raisons c’on y faille,
« Quant la fille dou duch Patris
« A pour li ce tournoy empris,
« Et donra au mieus tournoiant
7685 « .I. faucon joli et plaisant.
« Or y soiiés pour vostre honnour.
« Trois mois avés encor de jour. »
Dist Melyador : « Mon ami,
« Se je vif tant, je le te di,
7690 « Je cevaucherai ceste part.