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Méliador

« A quel title il nous grevoit si,
« Il respondi apertement :
8055 « Que nulz ne nulle vraiement
« N’i metteroit pais ne concorde,
« Pour Dieu ne pour misericorde,
« Fors moy, et maintenoit tres bien
« Que, par moy et par mon moiien,
8060 « Pais aroie et mes gens ossi.
« Siques, chevaliers, j’en fui si
« Tres fort priie de mes gens
« Que je cangai pourpos et sens,
« Car en prison tenoit mon pere,
8065 « Dont la cose m’estoit amere.
« Tant fist qu’en Escoce en alai
« Et a ma cousine comptay
« L’aventure et le fait tout tel
« Que dit vous ay de ce Camel.
8070 « Ma cousine, qui estoit jone
« Et plus que pour Camel ydone,
« Me demanda et volt avoir
« De moy conseil ; je li dis voir, f. 59 d
« Quoi que Camelz, n’en doubtés mie,
8075 « Soit si plains de chevalerie
« Que nulz chevaliers estre poet.
« Mais loyauté qui pas ne voet
« Fallir as siens me consilla,
« Et ma cousine s’enclina
8080 « A ce que je vols dire et faire
« Dont pour ma guerre a bon chief traire
« Et le dit Camel apaisier.
« Quant je fui revenue arrier
« Et il se fu trais devers moy,
8085 « Je li baillai en bonne foy,
« Pour li donner joie et plaisance,
« Lettres telles que de creance,
« Faites ou nom de ma cousine,