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Méliador

Entre ses bras le va levant,
Et est tele s’entention f. 67 a
Qu’il le boutera ou moilon
De le poitrine au chevalier,
9060 Mais c’a cop li puist emploiier ;
Il li pense a crever le cuer.
Melyador, qui a nul fuer
Ne s’en voet laissier approcier,
Voit bien le tour dou chevalier,
9065 Comment il le voet encontrer :
Si se va sur ce aviser.
En sa targe se joint et boute
Et se cuevre tous pour le doubte.
L’espée met dessous l’aissielle,
9070 Ja fera jouste moult nouvelle :
Je ne sçai qui li eut apris,
Mais par ce point ara le pris.



Messires Camelz, qui sambloit
Tous foursenés ou il venoit,
9075 Pour ce qu’il se sent mehagnés,
De ses .ii. bras s’est apoiiés
En levant contremont sa targe,
Qui petit li couste et le carge,
Car il estoit malement fors :
9080 Ce sambloit .i. murs de son corps,
Bien enfourchiés sus son cheval.
Or cuide ravaler aval
La pointe de sa targe forte,
Ensi que devant lui le porte,
9085 Pour le bleu chevalier confondre
Et parmi le poitrine fondre.
Melyador, qui de ce cop
Eut avis grandement et trop,
De sa targe moult bien se cuevre