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Méliador

Les resnes va entrecangier
De son cheval et le retourne.
Pour faire quoi que soit s’atourne
10570 Et voit le chevalier gisant ;
Sur li s’arreste et en disant :
« O, qui estes mon adversaire,
« Je vous voel courtoisie faire.
« Levés vous, montés a cheval ! »
10575 Et cilz qui avoit encor mal
Ou chief, car tous fu estonnés,
S’est bien a la grasce adonnés
Que Melyador li faisoit,
Qui tous cois droit la se taisoit.
10580 Cilz est remontés a grant painne,
Et quant il eut repris s’alainne,
Il trait l’espée dou fouriel
Et esporonne le moriel f. 78 b
Qui li respont de saus menus.
10585 Arreement s’en est venus
Dessus Melyador en l’eure ;
Et cilz qui sagement s’aheure
Pour le peril qui poet venir,
Ne le lait mies couvenir
10590 Mais fait .i. tour de Cornuaille,
Et se lance en tournant, sans faille,
Dessus le chevalier galois.
Son brach li lace a ceste fois
Ou hateriel, par tel maniere
10595 Qu’il le fait, dessus le crupiere
De son cheval, coucier souvin.
En cel estat, moult lonch termin,
Le tint tant, et en touellant
Et si durement travillant,
10600 Que priès il li rompoit l’eskine ;
Avoech tout ce, en le poitrine,
Le fiert dou pumiel de s’espée.