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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/190

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POÉSIES

Et ce me fault souffrir, comment qu’il aille ;
Mès je vous pri que ma painne me vaille ;
Car je reçoi en bonne pascience
Tout ce qu’il plest Amours ordonner en ce.
Et pour ce que li Orloge ne poet
Aler de soi ne noient ne se moet,
Se il n’a qui le garde et qui en songne ;
Pour ce il fault à sa propre besongne
Un orlogier avoir, qui tart et tempre
Diligamment l’aministre et attempre,
Les plons relieve et met à leur devoir ;
Ensi les fait rieuléement mouvoir ;
Et les roes amodère et ordonne,
Et de sonner ordenance lor donne.
Encores met li orlogiers à point
Le foliot, qui ne se cesse point,
Le fuiselet et toutes les brochetes,
Et la roe qui toutes les clochetes
Dont les heures y qui ens ou Dyal sont,
De sonner très certainne ordenance ont,
Mès que levée à point soit desten.
Encore poet moult bien, selonc m’entente,
Li orlogiers, quand il en a loisir,
Toutes les fois qu’il li vient à plaisir
Faire sonner les clochettes petites
Sans derieuler les heures dessus dites.

Selonc l’estat dont j’ai parlé primiers,
Souvenirs doit estre li orlogiers ;
Car Souvenirs qui ens ou coer s’enfrume,
Toutes les fois qu’il li plaist, il desfrume