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Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/53

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DE JEAN FROISSART.

et lisoit françois ; et puis le fit prendre par un sien chevalier qui se nommoit Messire Richard Credon et porter en sa chambre de retrait, dont il me fit bonne chère.

Henry Cristede, écuyer anglais, qui avait été présent à cet entretien, et qui savait d’ailleurs que Froissart écrivait l’histoire, l’aborda en lui demandant s’il était informé des détails de la conquête que le roi d’Angleterre venait de faire en Irlande. Comme Froissart, pour l’engager à parler, feignit de les ignorer, l’écuyer se fit un plaisir de les lui raconter. Tout ce que l’historien entendait, entre autres le récit du repas que le roi d’Angleterre donna aux quatre rois qu’il venait de subjuguer, excitait en lui de nouveaux regrets de n’être pas venu en Angleterre un an plus tôt, ainsi qu’il s’y préparait, lorsque la nouvelle de la mort[1] de la reine Anne rompit son dessein : il n’aurait pas manqué de passer en Irlande pour voir tout par lui-même, car il avait un intérêt particulier à recueillir les moindres circonstances de cette expédition dont il voulait faire part à ses seigneurs, le duc de Bavière[2] et son fils, qui avaient sur la Frise les mêmes prétentions que le roi d’Angleterre sur l’Irlande.

  1. Anne de Luxembourg, fille de l’empereur Charles IV, mariée en 1382, à Richard II, roi d’Angleterre, et morte en 1394.
  2. Aubert, duc de Bavière, comte de Haynaut, de Hollande et de Zélande, père de Guillaume de Bavière.