visité la plupart des cours de l’Europe. Admis chez les plus grands seigneurs[1], et s’insinuant dans leur confiance, au point de mériter, non-seulement qu’ils lui racontassent plusieurs détails, soit de leur vie, soit des événements dont ils avaient été témoins, ou auxquels ils avaient eu part, mais qu’ils lui découvrissent même quelquefois le secret des résolutions prises dans les conseils les plus intimes, et sur les affaires les plus importantes, il n’avait pas moins d’attention à profiter des entretiens de ceux à qui il pouvait parler, et qu’il pouvait interroger avec plus de liberté[2]. Il paraît qu’il avait été instruit de quelques particularités de la cour de France, par des domestiques même du roi, et par ceux qui
- ↑ On lit dans le Prol. de son premier livre : Vray est que je qui ay empris ce livre à ordonner, ay par plaisance, qui à ce m’a toujours encliné, fréquenté plusieurs nobles et grands seigneurs tant en France qu’en Angleterre, en Écosse (en Bretagne, ajoutent quelques MSS.) et en plusieurs autres pays, et ay eu la cognoissance d’eux, et ay toujours à mon pouvoir justement enquis et demandé du fait des guerres et des aventures, et par especial depuis la grosse bataille de Poictiers où le noble roy Jehan de France fut pris, etc.
- ↑ Il fait un détail très-exact et très-curieux d’un fameux pas d’armes tenu en 1390, pendant trente jours par trois chevaliers français, auprès de la ville de Calais, et il paraît qu’il en savait des particularités connues de très-peu de personnes.
Il parle aussi des circonstances de l’assassinat du connétable Clisson, en homme qui était instruit des particularités les plus secrètes de l’histoire de son temps.