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L’HOMME À L’HISPANO

elle traduisit le vœu du paysan : partager la fortune de Georges. Il rit sans répondre et alluma une cigarette. Ils roulèrent quelque temps en silence.


Sauveterre franchi, un gave bondissant leur apparaissait parfois, à gauche de la route, et puis il s’éloignait pour se rapprocher quelques kilomètres plus loin. C’était le gave d’Oloron. Enfin, la vieille ville endormie et cadenassée fut traversée. La maison de Stéphane était voisine, et sur la route de Pau.

C’était une bâtisse vigoureuse, jeune encore, car elle n’avait que deux cents ans. Elle n’avait rien perdu de sa solidité et semblait prête à résister aux assauts des jours et des saisons pendant des siècles. Elle était dorée et un peu lépreuse comme si les caresses de tant de soleils s’étaient incrustées dans sa pierre et l’avaient marquée. Ses lignes étaient sages et belles. Le Coulevaï du dix-huitième siècle qui l’avait construite avait montré sa science et son goût. Il revenait des Indes. Comme le vin de Bordeaux, son esprit s’était amélioré dans cette longue croisière. Ayant beaucoup vu, beaucoup appris, guerroyé en France, trafiqué sur les mers, fait de la banque à Pondichéry, il était revenu à Oloron vers sa soixante-dixième année. Alors il avait pensé que le temps était venu de se bâtir un château.

Maintenant, les hautes fenêtres regardaient un