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L’HOMME À L’HISPANO

l’idée de la paix profonde qui régnait sur l’étang réjouissait son esprit. Georges aima cette pensée. Nicolaï, trop simple pour comprendre, se dit que lady Oswill était la maîtresse, que ces fanges lui appartenaient… Tout de même, il grommelait un peu :

— Si c’était à moi, je nettoierais. Je parierais qu’au fond, il y a des cadavres ? On m’a raconté que l’étang avait englouti un braconnier. Il avait eu le malheur de plonger pour se sauver d’un garde… C’était sous Napoléon III.

Stéphane répondit :

— Laissons la nature à ses travaux… Si un homme est tombé là, il a depuis longtemps revécu sous l’espèce des plantes…


Le soir fraîchissait. Ils rentrèrent dans la maison. Ils prirent congé d’Antoinette. Sans avoir l’audace de préciser pourquoi, elle sentait une sympathie singulière pour Dewalter. Elle les avait vus s’avancer au fond du parc et elle avait pensé qu’ils étaient bien beaux.

Derechef Stéphane l’embrassa. Alors la vieille pleura de plaisir et d’attendrissement et elle leur dit qu’il fallait revenir.

— Nous reviendrons, lui cria Stéphane.

Georges s’était remis au volant et l’Hispano disparut dans le soir violet. Ils traversèrent les villages qu’on ne distinguait plus qu’aux tremblements des lampes et à l’odeur du bois