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L’HOMME À L’HISPANO

exacte de ce qu’il faisait et préparait tout avec joie pour recevoir lady Oswill. Il n’avait qu’une pensée ; ne pas la détromper.

Déjà il travaillait à lui laisser un souvenir.

Peut-être ne se rendait-il pas un compte exact de l’adoration qu’il avait pour elle, une adoration simple, puissante, et qui le poussait au martyre ? Ingénument, il y marchait. Faut-il croire que ceux qui y marchent, soutenus par l’exaltation de l’idée, ne perçoivent plus la souffrance ? Il ne souffrait pas. Qui l’aurait conseillé ? Personne. Il était certainement l’un des hommes les plus isolés de la terre. Il ne connaissait désormais qu’un vieil ami de sa famille, un pauvre notaire de province, Me Montnormand, dont l’étude était à Saint-Germain-en-Laye. C’était un vieillard tendre et candide et le seul être avec qui Dewalter fût en correspondance. Il y avait aussi cet inconnu du train, l’excentrique retrouvé à Biarritz ? Dewalter, quelquefois, avait l’impression qu’il le reverrait. Mais il pensait à lui avec répulsion.


Oswill n’était pas resté au Maroc aussi longtemps qu’il le projetait. À peine fût-il sur la mer qu’il regretta de s’être éloigné. Il fumait ses courtes pipes rageusement et, s’il avait été sur un yacht de plaisance et non sur un paquebot, sans doute aurait-il donné l’ordre au capitaine de virer de bord. Pour se distraire, il parcourait le pont en examinant les voyageurs et il cherchait leurs