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L’HOMME À L’HISPANO

faisait rire et disait des mots dangereux qu’ils n’oublieraient plus et dont un jour, l’un contre l’autre, ils pourraient se resservir pour s’en frapper. Les paroles restent. Il le savait.

Quand il fut dans sa cabine, occupé à frotter ses tatouages au gant de crin, il jubilait, certain d’avoir jeté, au hasard, pour rien, de mauvaises graines dans leur champ. Mais la pensée de Stéphane lui revint. Cela lui arrivait quand il entrait au lit. Il déboucha un flacon de gin et il but à plusieurs reprises, tout en sifflant comme un aspic. Il devint furieux parce que, tout d’un coup, il eut la sensation de s’inquiéter de ce qu’elle faisait à cette heure exacte. Il grommela son éternel « c’est rigolo », et, tout en se tournant dans ses draps, comme un cachalot dans la vague, il se demanda avec colère s’il n’était pas en train de devenir aussi bête qu’un autre mari. Mais des voix traversèrent la cloison mince et, dans la cabine voisine, il entendit le jeune couple. Ils parlaient d’une réflexion qu’il leur avait faite sur l’éducation des femmes arabes. Aux bribes des répliques qui traversaient les bois légers, il eut la joie de comprendre qu’il était l’objet d’un dissentiment. Il s’endormit, — peut-être pour ne pas avoir l’ennui d’entendre que la querelle tournait court, et la réconciliation.


À Casablanca, il s’était promis de faire la noce,