Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
L’HOMME À L’HISPANO

lui, son domestique lui dit que lady Oswill était partie depuis une semaine et qu’elle n’avait indiqué aucune direction.

Alors il erra dans la ville, et il cherchait quelqu’un avec qui faire un assaut de boxe. Il était secoué de colère et, pendant trois jours, il ne cessa plus de boire. Il insultait les serviteurs. À la fin, il s’endormit comme un enfant après une correction. Quand il se réveilla, il était redevenu lucide. Il décida de se venger et il examina la situation avec méthode. Il ne doutait plus de la victoire complète de l’amant. Il était persuadé que lady Oswill connaissait tout de lui, jusqu’à sa misère. Il pensait qu’elle l’avait suivi pour l’en tirer, et qu’elle était pareille, dans sa richesse, à ces pauvresses de la nuit, qui se consolent de leurs dégoûts en payant les joies de leur cœur. De jour en jour, son visage s’éclairait et sa fureur devenait calme, parce qu’il savait qu’il allait nuire. Mais ce qu’il ignorait encore, c’est de quelle façon il nuirait.

Pendant ce temps, Georges Dewalter tenait, comme on dit au combat. Mais peu à peu, ainsi que le héros de la Peau de chagrin, il voyait son bonheur se rétrécir. Son angoisse renaissait. Et Stéphane, dans l’éblouissement de son amour, vivait simple et souveraine. Chacune de ses heures était remplie de joie. Elle ignorait les sentiments célés de ces deux hommes.