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l’homme à l’hispano

Il la sentait rassurée, confiante dans sa parole. Avant de lui répondre, il l’avait bien regardée et, de nouveau, elle était joyeuse. Elle fit le projet d’aller au théâtre et de dîner d’abord au cabaret du Caneton, chez des Russes qui, près de la Bourse, rôtissent le mouton sur de longues aiguilles et fabriquent des potages glacés, tandis que des tziganes font sortir de leurs violons le chant des marins du Volga. Trois jours auparavant, ils avaient passé là une heure agréable. Il l’approuva de vouloir y retourner. Ils étaient seuls. Il la dévêtit et, quand elle eut pris son bain, il essuya lui-même le beau torse mouillé, les jambes magnifiques et les pieds charmants qui l’avaient apportée. Mais la femme de chambre revint avec la robe nouvelle. Alors il les abandonna et passa dans sa propre chambre.

Quand il fut prêt lui-même pour le dîner, il tira d’un tiroir une lettre. Elle était de son écriture. Sans la relire, il la mit sous enveloppe. L’enveloppe, déjà rédigée, portait l’adresse de Me Montnormand, notaire à Saint-Germain-en-Laye. Close, il la tenait dans une main et, machinalement, il en frappait l’autre, à petits coups irréguliers. Il faisait ce geste, le regard perdu, Enfin, il glissa l’objet dans sa poche et retourna près de Stéphane.

— Suis-je belle ? demanda-t-elle en souriant.

Elle surgissait d’une robe, d’une fleur éclatante, et des diamants ruisselaient sur elle comme une