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l’homme à l’hispano

Maintenant son visage se crispait :

— Mon expérience m’a conduit ailleurs qu’où j’allais. J’en suis aussi, de l’expérience… J’ai découvert depuis trois semaines, depuis que j’ai dit : « Je veux divorcer », j’ai découvert que je tiens à ma femme. Je ne l’aime pas, j’y tiens.

Il ajouta brutalement :

— Je souffre. C’est embêtant. Ça me dérange. Emmenez-le.

Ses mots tombaient comme des noix. Montnormand était stupéfait. Il voyait un jaloux souffrir. En même temps, il apprenait que rien n’avait encore changé dans le destin de Dewalter. Il se leva.

— L’emmener ? murmura-t-il… Je vous assure, monsieur, que s’il ne tient qu’à moi… J’ignore ce qui se passe et c’est pour cela surtout que je suis venu… Permettez-moi pourtant de vous l’apprendre : avant votre expérience, comme vous dites, — mon ami était prêt à partir. J’avais sa promesse et il ne ment jamais.

— Il ne ment jamais ? ricana Oswill. Alors ma femme sait qu’il est un va-nu-pieds ?

Le petit homme haussa les épaules :

— C’est autre chose, dit-il. Il a été pris dans un engrenage. Une première faiblesse — bien excusable — l’a amené à jouer un personnage dont il ne sait comment sortir… Vous êtes un psychologue, monsieur ? Je le veut bien. Mais le cœur comprend plus de choses que l’esprit. Le