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L’HOMME À L’HISPANO

dans une fougue emportée, serra sa maîtresse dans ses bras. Il la sentait frémir, se tendre, et, par les lèvres, se donner. Ils formaient un groupe sans rival, attachés l’un à l’autre, dans une immobilité radieuse.

Le premier, il se détacha. Il avait un peu d’inquiétude. Ce qu’il savait de lui-même lui faisait craindre pour elle une trop grande imprudence. Il pensait qu’il ne fallait point qu’elle fût surprise. Mais elle confirma qu’elle était bien seule et que son mari était en voyage depuis le matin.

— Et d’ailleurs, dit-elle d’une voix grave, il y a longtemps que je vous attendais et que je suis libre…

Il se tut, ne sachant que répondre. Il se sentait en présence d’une femme supérieure aux autres et, soudain, il comprit que sa hardiesse ne venait pas de sa facilité, mais de son amour. Il y avait dans tout ce qu’elle faisait, dans la franchise de sa chute, quelque chose qui naissait non de l’habitude, mais de la nouveauté. Il sut brusquement, sans pouvoir en douter, qu’il était son premier amant. Entraîné par le désir et la passion, il ne se disait plus que sa responsabilité devenait plus grande. Il vivait son bonheur et il aimait Stéphane avec une telle violence que tout le reste disparut. Ainsi le ciel est lavé par le vent.

Elle le fit entrer dans le grand salon de la villa. Un éclairage doux estompait les meubles et donnait du mystère aux objets. Une richesse,