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L’HOMME À L’HISPANO

cultivée par le goût, fleurissait l’appartement. Des vases nombreux étaient chargés de roses croulantes. Il songea à ces douze malheureuses Paul-Néron que, l’avant-veille, il avait apportées à la pâtisserie. Elle vit qu’il regardait les fleurs.

— J’en fais une consommation terrible, dit-elle plaisamment. On les cultive pour moi, par milliers, dans des roseraies, à Oloron. Chaque matin, des jardiniers les renouvellent et les apportent ici, en auto. L’air de la mer les fait vite mourir.

Chaque fois qu’il s’agissait des choses de la fortune, elle en parlait sans y prendre garde et sans savoir que cela existait, comblée, comme au désert une femme arabe parlerait du sable.

Elle portait un souple déshabillé de chez Lanvin, dans lequel son jeune corps se jouait librement, et tous ses gestes restaient beaux. Ses bras et ses pieds étaient nus. De grosses perles noires ornaient ses doigts et, dans ses paumes, Georges en sentait la rondeur tiède. Il s’en plaignit en riant. Elle les enleva et les jeta sur le tapis ; de ses mains libres et plus vivantes, elle caressa le visage et les cheveux du bien-aimé. Il s’était mis devant elle, à ses genoux, et il tenait ses jambes emprisonnées dans ses bras. Ils parlaient à voix basse et, pour mieux lui plaire encore, il disait des mots merveilleux.


Pour la première fois, il lui mentit.

Ce furent d’étranges mensonges, sans but, sans