Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LES STRATAGÈMES. LIV. II.

mée d’Afranius et de Petreius assiégée, sans qu’elle pût avoir de l’eau. Exaspérée dans sa détresse, elle avait tué toutes ses bêtes de charge, et était descendue dans la plaine pour offrir la bataille. César retint ses troupes, jugeant défavorable le moment où l’ennemi était poussé par la colère et par le désespoir.

12. Cn. Pompée, voulant faire accepter la bataille à Mithridate, qui fuyait devant lui, choisit la nuit pour lui couper la retraite et pour combattre. Il fit à cet effet ses dispositions, et mit tout à coup l’ennemi dans la nécessité d’en venir aux mains. Il eut même la précaution de disposer ses troupes de manière que celles du roi de Pont fussent éblouies par la clarté de la lune, qu’elles avaient en face, et qui les faisait voir à découvert.

13 On sait que Jugurtha, qui avait éprouvé le courage des Romains, ne leur livrait bataille que vers le déclin du jour, afin que, si les siens étaient mis en fuite, ils pussent, à la faveur de la nuit, se dérober à la poursuite de l’ennemi.

14. Lucullus, ayant en tête Mithridate et Tigrane, près de Tigranocerte, dans la Grande Arménie, ne comptait pas plus de quinze mille combattants dans son armée, tandis que les troupes ennemies étaient innombrables, mais, par cela même, difficiles à faire manœuvrer. Profitant de cet inconvénient, Lucullus les attaqua avant qu’elles fussent rangées en bataille, et les mit si promptement en déroute, que les deux rois eux-mêmes prirent la fuite, après s’être dépouillés de leurs insignes.

15. Dans une guerre contre les Pannoniens, Tibère Néron, ayant vu les barbares s’avancer fièrement au combat dès la pointe du jour, retint ses troupes au camp, laissant les ennemis à la merci du brouillard et de la pluie, qui, ce jour-là, tombait en abondance.