Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
LES STRATAGÈMES. LIV. II.

7. Annibal, au contraire, à la bataille de Cannes, ayant d’abord ramené les ailes en arrière, et fait avancer le centre, repoussa notre armée dès le premier choc ; et, quand la mêlée fut engagée, tandis que ses ailes, selon l’ordre qu’elles avaient reçu, s’avançaient en se rapprochant l’une de l’autre, il recevait sur le centre la téméraire impétuosité des Romains, qui furent investis et taillés en pièces, résultat dû à la valeur éprouvée des vieux soldats d’Annibal : car cette ordonnance n’est guère praticable qu’avec des troupes que l’expérience a formées à tous les incidents des combats.

8. Pendant la seconde guerre Punique, Livius Salinator et Claudius Néron, voyant qu’Asdrubal, pour échapper à la nécessité de combattre, avait posté son armée derrière des vignes, sur une colline de difficile accès, dirigèrent leurs forces vers les deux ailes, laissant le milieu dégarni, enveloppèrent l’ennemi en l’attaquant des deux côtés, et le défirent.

9. Annibal, à qui Claudius Marcellus faisait essuyer de fréquentes défaites, avait pris le parti, dans les derniers temps, de camper soit sur les montagnes, soit près des marais, soit dans d’autres lieux favorables, où son armée occupait de si bonnes positions pour combattre, qu’elle pouvait, si les Romains avaient le dessus, rentrer au camp presque sans perte, et, s’ils lâchaient pied, se mettre selon son gré à leur poursuite.

10. Le Lacédémonien Xanthippe, livrant bataille à M. Attilius Regulus, en Afrique, plaça à la première ligne ses troupes légères, et au corps de réserve l’élite de son armée ; puis il donna l’ordre aux auxiliaires de se retirer aussitôt qu’ils auraient lancé le javelot, et, une fois rentrés dans l’intérieur des lignes, de courir promptement aux deux ailes, et d’en sortir pour envelopper