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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

ranima leur ardeur, par l’espérance de l’avantage qui devait résulter de ce stratagème.

3. Le même général, ayant envoyé ses auxiliaires dans un lieu où ils furent cernés par l’ennemi, et tués, craignit que cette perte ne jetât l’épouvante dans toute son armée. Il annonça que ces troupes avaient médité une trahison, et que, pour ce motif, il leur avait assigné une position désavantageuse. En faisant ainsi passer une perte évidente pour un châtiment, il donna du courage à ses soldats.

4. Scipion, averti par les ambassadeurs de Syphax qu’il ne pouvait plus se fonder sur son alliance avec leur maître, pour passer de Sicile en Afrique, craignit que son armée ne se décourageât à la nouvelle d’une rupture avec cette puissance lointaine. Il se hâta de congédier les envoyés, et de répandre le bruit que Syphax lui-même l’appelait en Afrique.

5. Q. Sertorius, à qui un barbare annonçait, pendant le combat, qu’Hirtuleius était tué, le perça d’un coup de poignard, de peur qu’il n’apprît cet événement à d’autres, et que le courage des soldats ne se ralentît.

6. Alcibiade, général athénien, vivement pressé dans un combat par des troupes d’Abydos, et voyant arriver un courrier qui paraissait triste, défendit à celui-ci d’annoncer publiquement la nouvelle qu’il apportait ; puis, l’ayant interrogé en particulier, il apprit que Pharnabaze, lieutenant du roi de Perse, attaquait sa flotte. Aussitôt il mit fin au combat, sans que ni l’ennemi ni les siens en connussent le motif, et courut, avec toute son armée, au secours de ses vaisseaux.

7. Lorsqu’Annibal vint en Italie, trois mille Carpétans désertèrent son armée. Dans la crainte que d’autres