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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

9. Archidamus, de Lacédémone, étant en guerre avec les Arcadiens, plaça au milieu de son camp des armes autour desquelles il fit secrètement marcher des chevaux pendant la nuit. Le lendemain il montra les pas à ses soldats, et leur persuada que Castor et Pollux étaient venus à cheval dans ce lieu pour les soutenir pendant le combat.

10. Périclès, général athénien, aperçut, au moment de livrer bataille, un bois d’où l’on pouvait être en vue des deux armées, bois très-épais, vaste et consacré à Pluton. Il y aposta un homme d’une grande taille, augmentée encore par de très-hauts cothurnes, et dont le manteau de pourpre et la chevelure inspiraient de la vénération. Debout sur un char attelé de chevaux blancs, cet homme devait, au signal du combat, s’avancer, appeler Périclès par son nom, l’encourager, et lui annoncer que les dieux étaient du côté des Athéniens. À la vue de ce prodige, les ennemis prirent la fuite avant même qu’on lançât le javelot.

11. L. Sylla, voulant inspirer du courage à ses troupes, leur fit croire que les dieux lui révélaient l’avenir. En présence même de toute l’armée, et au moment de sortir du camp pour combattre, il adressait des prières à une petite statue, qu’il avait enlevée à Delphes, et la suppliait de hâter la victoire qu’elle lui avait promise.

12. C. Marius avait auprès de lui une prophétesse de Syrie, dont il feignait de recevoir les prédictions sur l’issue des combats.

13. Q. Sertorius, qui avait une armée de barbares, sans raison et sans discipline, menait à sa suite, dans la Lusitanie, une biche blanche d’une beauté remarquable ; et, afin que ses ordres fussent observés comme s’ils émanaient du ciel, il assurait que cette biche l’avertissait de ce qu’il devait, faire et de ce qu’il devait éviter.