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SOU SOU

don d'un tonneau. Ces deux-là n'ont jamais plus de quatre ou cinq pouces. Et la troisiéme a quelquefois deux ou trois toises, & sert à fermer les escluses. On appelle aussi soupapes, ces petites languettes qui s'ouvrent ou se ferment avec un ressort pour donner le passage au vent, & le luy fermer dans les balons & les soufflets.

En termes d'Organiste, on appelle aussi soupapes, ou soustapes, (comme si on disoit les tampons de dessous) de petits tampons qui sont dans le sommier, & qui bouchent les rainures ou portevents jusqu'au pied de chaque tuyau, & qui sont soustenus par un petit ressort de leton. Quand on presse sur la touche, elles font baisser la soupape par le moyen d'un petit baston qu'on appelle le pilotis.

Les Anatomistes modernes pretendent qu'il y ait quelque chose de semblable dans les veines & les arteres, qui ouvre & ferme le passage du sang dans sa circulation. Voyez Valvule. Et il y en a qui estendent la chose jusqu'à la circulation qu'ils pretendent dans le suc des arbres & des plantes.

SOUPÇON. s. m. Deffiance, crainte, incertitude qu'on a de la sincerité d'une personne, de la verité de quelque chose. Un mary jaloux a du soupçon de sa femme. Un Prince sujet aux soupçons se deffie de la verité de ce qu'on luy dit. Quand il arrive un vol domestique, le soupçon tombe sur les nouveaux venus. Je n'eusse jamais entré en soupçon qu'il eût esté capable de cette lascheté. Les soupçons sont esclaircis, sont passez en certitude. Tout soupçon offense un honneste homme.

Soupçonner. v. act. Avoir du soupçon, entrer en soupçon. Il ne faut pas soupçonner legerement.

Soupçonner, signifie aussi, Avoir une connoissance imparfaite, deviner à demi. Cet Interprete soupçonne que son Auteur a voulu dire une telle chose ; il soupçonne que ce mot peut venir d'une telle etymologie.

Soupçonné, ée. part. pass. & adj. Ce n'est pas assez que la femme de Cesar soit chaste, il ne faut pas seulement qu'elle soit soupçonnée.

Soupçonneux, euse. adj. Qui est sujet aux soupçons. L'amour de son naturel est soupçonneux. On a bien du mal à vivre avec les humeurs soupçonneuses.

SOUPE. s. f. Potage fait avec beaucoup de pain & de bouillon ou jus de viande, ou d'autres matieres, qu'on sert à l'entrée du repas. Quand on invite quelqu'un à disner par occasion, on luy dit, Voulez-vous venir manger de ma soupe ? La meilleure soupe est celle qui est bien mitonnée. On nourrit les Vendangeurs avec de la soupe aux choux. On dit que la soupe nourrit le soldat ; qu'une soupe à l'oignon refait la teste. Une soupe à la Jacobine, aux porreaux, aux navets, &c. Voyez Potage. On dit d'un escornifleur, qu'il va chercher les bonnes soupes, qu'il va gueuser de la soupe. Ce mot vient de l'Italien zuppa, ou suppa, fait du Latin sapa, qui signifie bouillon qui par la cuisson est reduit au tiers. Quelques-uns le derivent de l'Alleman soupp, qui signifie la même chose ; d'autres de souben, qui en langage Celtique ou Bas-Breton signifie soupe.

Soupe, se dit aussi des trenches de pain fort deliées qu'on met au fond du plat, sur lesquels on verse le bouillon. Donnez moy une soupe de pain, pour dire, une trenche. Dans les gargotes pour un sou on trempe la soupe.

Soupe de lait, se dit au Manege d'un certain poil de cheval qui est de la couleur du potage au lait bien sucré, c'est à dire, meslé de roux & de blanc. On donne aussi ce nom aux pigeons de cette même couleur, & qui font fort estimés par ceux qui en sont curieux.

Soupe, se dit proverbialement en ces phrases. On appelle de la soupe au perroquet, du pain trempé dans du vin. On dit aussi d'un homme qui a bien bû, qu'il est yvre comme une soupe. On dit d'un avare, que sa soupe est maigre, pour dire, qu'il fait mauvaise chere. Les soupes de Prince sont vantées par Rabelais.


SOUPE'E, qui ne se dit qu'en ce mot composé, l'aprés-soupée, pour dire, l'intervalle qui est entre le souper & la retraite pour dormir. On se réjouït bien dans une telle maison toutes les aprés-soupées, on y danse, on y jouë, &c.

SOUPER. s. m. Repas du soir. On nous a donné un grand souper. Ce n'est pas un souper par ordre, ce n'est qu'une collation. Je m'en vais manger mon souper. On a joüé, on a gagé le souper de la compagnie.

Souper, se dit aussi de la viande preparée pour faire ce repas. Les bourgeois qui vont souper chez leurs voisins font porter leur souper, leur gigot. Ce Pâtissier cuit tous les jours plus de quarente soupers, ou esclanches. Quelques-uns derivent ce mot à sorbendo, qui pretendent que le souper étoit anciennement le principal des repas.

Souper. v. neut. Prendre le repas du soir. Ceux qui tiennent table font grande chere à disner, mais ils ne soupent gueres. Les jours de jeusne il est deffendu de souper. Ce goinfre disne bien, mais il soupe encore mieux. Il est bien fascheux aux jeunes gens de s'aller coucher sans souper, de souper par coeur. On disne & on soupe en même temps, quand on ne fait qu'un repas. On appelle ironiquement un soupe-sept-heures, celuy qui soupe regulierement à cette heure-là, que les autres employent aux divertissements, à la promenade.

SOUPIER, ière. s. m. Qui aime bien la soupe, qui en mange plus que d'autre viande.

SOUPLE. adj. m. & fem. Qui est doux, maniable, obeïssant. Les Corroyeurs à force de passer le cuir, & de le graisser, le rendent souple. Quand on a esté long-temps sans porter des bottes, elles ne sont pas souples, elles blessent.

Souple, se dit aussi des hommes, & des animaux. Ce fanfaron voulut me braver, mais je l'ay si bien manié, que je l'ay rendu souple comme un gand, comme un osier. Ce cheval étoit fougueux, mais en quinze jours de manege il a esté rendu souple & obeïssant comme les autres. C'est un esprit souple, adroit & insinuant, qui gagne l'affection des personnes. Plusieurs croyent que ce mot vient de supplex, & qu'il est le primitif, & que le precedent n'est que le derivé. Quelques-uns le derivent du Latin subtilitas.

Souplement. adv. D'une maniere souple & soûmise. Ce valet parle & agit toûjours souplement auprés de son maistre.

SOUPLESSE. s. f. Adresse, finesse, matoiserie. Ce Charlatan a mille tours de souplesse pour attraper les duppes ; il trompe les plus fins par sa souplesse, par son habileté. On dit aussi une grande souplesse de membres, pour dire, une grande facilité à les remuer.

SOUQUENILLE. s. f. Vestement de grosse toile, ou garderobbe qu'on donne aux valets, pour conserver leurs habits propres, & que les paysans portent aussi par necessité.

SOURCE. s. f. Lieu d'où quelque chose procede, ou la cause qui la produit. Quand on veut guerir un mal, il faut aller à la source, à sa cause. Les humeurs corrompuës, desreglées, extravasées, sont les sources des maladies. Le sang est le principe, la source de la vie. La veine cave est la source de toutes les autres. Le cerveau est la source, le principe des nerfs.

Source, se dit plus particulierement des liqueurs qui coulent, ou sortent de la terre. Il n'y a eu qu'en ces derniers temps qu'on a découvert les sources du Nil. Le Loiret est une riviere navigable dés sa source. Il y a bien des sources dans cette prairie, au pied de cette montagne. Dans les Isles de l'Archipel il y a des sources d'huile de petreol, de bitume, &c. Les eaux minerales sont des sources alumineuses, vitriolées, &c.

Source, se dit figurément en choses morales. La bon-


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