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souvenirs d’une actrice.

Et il rappelait les diverses circonstances où il s’était rencontré près de Napoléon, sous quel déguisement il était alors, tantôt en feutier, tantôt portant quelques charges sur les épaules ; il ne compromettait personne, ne disait jamais un mot qu’on pût interpréter contre quelqu’un.

Il fut très comique le jour où l’on vint déclarer au tribunal que Pichegru s’était étranglé dans sa prison ; l’interrogatoire et l’audience terminés, il allait être reconduit par les gardes, lorsqu’il revint sur ses pas et dit au président :

« Je vous préviens, messieurs, que, si l’on me trouve étranglé, ce ne sera pas moi qui aurai pris cette peine. »

Les femmes aiment à trouver dans un homme un grand caractère, et lorsqu’un accusé se défend aussi noblement que le fit Georges, il ne peut manquer de les intéresser. Aussi espérions-nous, connaissant la générosité de l’empereur, qu’il lui accorderait sa grâce. Cet accusé avait souvent répété, lorsqu’on lui en donnait l’espoir :

« Je ne la demanderai pas, je ne ferai aucune