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souvenirs d’une actrice.

Lorsque je dus partir pour aller dans ce pays, la marquise me dit qu’elle me donnerait une lettre pour son mari.

— C’est un galant chevalier, ajouta-t-elle, toutes les dames se l’arrachent ; il pourra vous être utile auprès d’elles.

Elle me conseilla en même temps d’emporter le plus de lettres de recommandation que je pourrais m’en procurer, chose indispensable lorsqu’on voyage à l’étranger.

Je rencontrais souvent dans la société une espèce d’original qui y était très recherché, M. Audras.

C’était un gros homme d’assez peu d’apparence et auquel l’on n’aurait certainement pas pris garde, si l’on n’eût su d’avance qu’il était l’ami de M. de Talleyrand, et la personne en laquelle il avait le plus de confiance, et qui faisait toutes ses affaires. M. Audras était l’homme le plus fantasque du monde, ne se gênant pour personne et s’embarrassant fort peu, lorsqu’il était dans un salon, de plaire ou de déplaire ; il laissait apercevoir sans se gêner tout l’ennui que lui causait tel ou tel personnage ;