Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
souvenirs d’une actrice.

alors il se retirait dans un coin, s’étendait sur un canapé, et appelait à lui ceux avec lesquels il voulait causer. Il était d’une franchise souvent peu polie, mais on lui passait tout. C’est à ces caractères-là que l’on accorde ce privilège, tandis que l’on est exigeant et susceptible pour les autres. Il m’avait prise dans une sorte d’affection, sauf à dire souvent devant moi qu’il détestait les femmes maigres ; mais comme il était d’un embonpoint assez disgracieux, je lui rendais ses aimables observations par des contrastes.

« — Je le crois bien, lui disais-je, par la même raison je n’aime pas les gros hommes, surtout lorsqu’ils sont mal faits et impolis. »

Alors il se mettait à rire. Il aimait assez qu’on lui répondit, et il ne s’en fâchait jamais.

Une fois sa brusquerie et son originalité acceptées, il ne manquait pas de succès, car il était fort amusant. On recherchait son approbation et sa franche amitié qu’il n’accordait pas du reste facilement. Nous étions toujours lui et moi en guerre ouverte ;