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souvenirs d’une actrice.

Après le premier intermède, on se leva, et le général, m’ayant aperçue, me reconnut et enjamba les bancs pour venir à moi.

— Comment, madame, me dit-il, vous êtes à Francfort, et vous ne m’avez pas fait l’honneur de venir me voir ?

Je m’excusai sur le peu de temps que j’avais à rester dans cette ville, où je n’étais demeurée que pour ma famille.

— Je ne me paie point de cette raison, et j’espère bien que j’aurai l’avantage de vous avoir demain à dîner, ainsi que monsieur et madame Fleury.

Je m’excusai encore sur ma toilette de voyageuse ; mais il n’en tint compte, et comme sa superbe habitation était à quelques milles de la ville, il me demanda la permission de m’envoyer chercher. Mon oncle me fit signe d’accepter ; quant à ma tante, pour rien au monde elle ne voulut m’accompagner : elle avait en horreur tous ces militaires qui étaient venus ravager son duché des Deux-Ponts, et elle les confondait tous dans le même ana-