Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
souvenirs d’une actrice.

 La nonpareille des Florides,
 Satisfaite de ces forêts,
 Ne quitte pas ces eaux limpides,
 Ces bois ni ces bocages frais ;
 Dans sa retraite toujours belle,
 Le ciel brille d’un jour serein,
 En d’autres pays aurait-elle
 Son nid parfumé de jasmin.


Nous échangeâmes un coup-d’œil avec M. de Lagear, et je vis qu’il était très satisfait de mon chant. La comtesse avait trop d’esprit pour se fâcher de l’à-propos.

— Ô ma chère Fleurichette[1], me dit-elle en riant, les nids de votre pays ne sont point parfumés de jasmin.

— J’en conviens, repris-je, continuant la plaisanterie, mais vous ne pouvez me reprocher d’être venue les chercher dans le vôtre.

— Vous êtes une mauvaise tête, me dit-elle en m’embrassant.

De ce moment, je chantai tout ce qu’on voulut. Cette petite anecdote se répandit promptement et ne me fut point défavorable, car elle me donna une

  1. J’ai déjà dit que ces diminutifs s’employaient dans l’intimité.