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souvenirs d’une actrice.

promenés dans la ville, accompagnés de ce cortège bizarre, et enfermés dans une cage portée par un éléphant. Cette fête ne fut remarquable qu’à cause de ce singulier palais de glace, qui était, dit-on, un chef-d’œuvre dans son genre, et qui fixa les regards des curieux jusqu’au dégel suivant. La rigueur de l’hiver de 1740 avait beaucoup aidé au succès de cette folle entreprise.

Mais revenons à la société russe de 1808, dont je me suis fort éloignée ; je vais terminer par quelques mots sur M. de Rostopschin. Je voyais beaucoup cet homme célèbre dans les maisons que je fréquentais le plus habituellement, et je ne sais pourquoi j’éprouvais pour lui un sentiment de répulsion que je ne pouvais définir. Cependant j’avais du plaisir à l’entendre causer, car sa conversation était instructive, attachante, piquante même, et parfois entrecoupée par un de ces traits saillants, qui ne manquent jamais de produire leur effet. Je me suis souvent rappelée une réponse qu’il fit au comte Rasomosky. Le comte se plaignait de ne pouvoir se dé-