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souvenirs d’une actrice.

lui dis-je, vous pouvez continuer vos investigations, niais j’ai cru jusqu’à ce jour que des militaires devaient protéger les femmes et non les insulter.

— Restez chez vous, madame, reprit-il d’un air un peu confus, je me retire : d’ailleurs je dois céder cette maison à un général. Et il sortit.

La femme du concierge vint pour m’aider à remettre un peu d’ordre chez moi et me raconta ce qui s’était passé en mon absence. J’avais à peine eu le temps de réparer le désordre de mon appartement qui consistait en deux chambres, que je vis entrer un autre officier : c’était ce pauvre général Chartran, qui a été fusillé dans la citadelle de Lille, et que j’ai bien pleuré. Son vieux père est mort de douleur en apprenant sa condamnation. C’était un militaire d’un abord peu agréable pour ceux qui ne le connaissaient pas ; mais il était estimé comme un brave par ses camarades : il avait fait un chemin très rapide.

— Madame, me dit-il assez brusquement, j’en suis bien fâché, mais nous avons besoin de toute la