Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
souvenirs d’une actrice.

parce que leurs régiments étaient presque détruits, les autres parce qu’ils ne voulaient plus se battre. Ils avaient jeté leurs fusils, et ils marchaient à l’aventure ; mais ils étaient tellement nombreux, qu’ils entravaient la marche dans les endroits étroits ou difficiles.

Ils volaient, pillaient depuis leurs chefs jusqu’à leurs camarades, et mettaient le désordre partout où ils passaient. On avait tenté souvent de les réunir en corps ; mais on n’avait jamais pu y parvenir ; c’était en partie avec ces gens-là, et en partie avec l’arrière-garde que nous marchions. Nous cheminâmes ainsi jusqu’à minuit, précédés par une grande berline. Mes gens me dirent qu’elle était au comte de Narbonne et qu’il y avait une dame dedans.

Un colonel qui venait d’avoir le bras emporté, vint me demander une place dans ma voiture. Je m’empressai d’accéder à sa demande, mais je lui fis observer que mes chevaux étant épuisés de fatigue j’allais être forcée de l’abandonner. À peine une demi-heure s’était écoulée, qu’on s’arrêta. Un officier étant venu parler à l’oreille du colonel, il descendit de voiture ; j’en fis autant, et j’abordai la