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souvenirs d’une actrice.

« — Voyez, monseigneur, dis-je au maréchal qui entrait en ce moment, ne semble-t-il pas que ce soit une prédiction ? — En effet, répondit-il, c’est un singulier à-propos : eh bien ! je veux être son pavoi et son parrain ! » Il la nomma Nadéje (espérance). Il lui donna cinq cents roubles, et son gendre trois cents. « Servez-vous toujours de cela, me dirent-ils, pour ses premiers besoins. »

Je fus, toute joyeuse, apprendre cette bonne fortune à nos amis, qui en furent charmés.

J’étais embarrassée de ce que j’en ferais, lorsque je serais obligée de partir, car avec une existence aussi incertaine que la mienne, et par un hiver très rigoureux, l’emmener avec moi était impossible, et je ne pouvais ni ne voulais l’abandonner. Le prince Goudachoff me tira encore de cet embarras. Il connaissait une Allemande qui lui avait des obligations, et à laquelle il avait fait obtenir un passeport pour retourner dans son pays. Une de mes parentes demeurait à Luxembourg ; le prince m’assura que cette femme se chargerait d’emmener l’enfant et de la lui remettre en sûreté avec une lettre de moi, pour qu’elle en prit soin jusqu’à mon retour. « Nous