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souvenirs d’une actrice.

lui paierons son voyage, me dit-il, et je vous réponds d’elle. » En effet, elle s’acquitta de cette commission de la manière la plus satisfaisante. Tranquille sur ce point, je la gardai avec moi jusqu’au moment de son départ et du mien. Lorsqu’il fallut m’en séparer, j’éprouvai une peine très vive, et quand je la retrouvai, ce fut avec une joie que je ne puis exprimer.

J’avais quitté mon état, sacrifié mon avenir pour m’occuper de cette enfant que j’aimais d’un amour de mère. Son enfance fut entourée de tout l’intérêt que sa position pouvait inspirer. Mais ce n’eût été que l’intérêt du moment, si sa gentillesse et ses dispositions ne l’eussent prolongé. Elle faisait le charme des salons en France et en Angleterre, par son intelligence et sa grâce dans les petites scènes que je lui faisais jouer. Lorsqu’elle exécutait la danse nationale russe dans le costume des paysannes, elle était devenue tellement à la mode, qu’il n’était plus possible de se passer de la petite Nadèje dans une soirée brillante. Elle a occupé tous les souverains au congrès d’Aix-la-Chapelle, dans les fêtes données par la sœur du roi de Prusse, la princesse de La Tour-