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souvenirs d’une actrice.

en face du libraire Barba et de la porte des artistes du Théâtre-Français. La belle jeunesse de Fréron ne manqua pas de venir assiéger la boutique du libraire qui avait fait chanter la Marseillaise au Théâtre de la République, et d’assaillir la belle Lodoïska de mille quolibets offensants.

En voyant ce rassemblement à sa porte, madame Louvet s’était retirée dans son arrière-magasin, et son mari se promenait comme un lion qui ronge son frein. Lorsque ces messieurs n’eurent plus la facilité d’attaquer madame Louvet en face, ils se tournèrent contre son mari.

« Eh bien ! chante donc la Marseillaise, lui crièrent-ils. »

Alors, dans un mouvement de rage, d’autant plus violent que depuis long-temps il le concentrait, il ouvre la porte en s’écriant d’un air de mépris :

Que veut cette horde d’esclaves… ?

Ce beau mouvement de courage interdit un moment cette foule qui se réunissait contre un seul